LE BOUZKACHI
A l’origine le Bouzkachi qui signifierait en Français « attrape chèvre » (le bouz désignant la chèvre en farsi) était une des festivités des mariages turkmènes qui est devenu ensuite un sport national afghan.
Un nombre variable de cavaliers, de 18 (dans le stade) à parfois plusieurs centaines dans les steppes du Nord se disputent une carcasse décapitée de chèvre ou de veau pour aller la déposer dans le cercle de justice tracé à la chaux situé à l’autre extrémité du terrain.
Joseph Kessel dans son livre « Les cavaliers » décrit parfaitement la situation et dépeint à merveille cet extraordinaire jeu sur lequel se greffe son admirable roman. (Kessel était présent à Kaboul lors de notre séjour en 1966-1967. Il était venu s’imprégner de la vie du pays et vivre avec les afghans ces instants inoubliables avant de les décrire dans son roman de la façon que l’on connaît) Je pense qu’il suffit de laisser la parole à l ‘écrivain pour avoir un aperçu de la situation :
« On choisi dans le troupeau un bouc. On l’égorge. On lui tranche la tête. Pour alourdir sa dépouille, on la bourre de sable, on la gonfle d’eau. On la dépose dans un trou creusé que la toison affleure le sol. Non loin du trou un petit cercle est tracé à la chaux vive. Et il porte le nom de hallal qui, dans la langue turkmène veut dire cercle de Justice. Et sur la droite du hallal on plante dans la steppe un mât. Et sur sa gauche, un autre. A égale distance. Pour la longueur de cette distance , il n’y a pas de règle. Elle peut exiger une heure de galop ou bien trois ou bien cinq. Les juges de chaque bouzkachi en décident à leur gré ». « les cavaliers se rassemblent autour du trou…au signal d’un juge, ils se jettent sur la carcasse décapitée. L’un d’eux s’en saisit, s’échappe…..il s’élance vers le mât sur la droite. Car la dépouille du bouc doit en faire le tour, puis passer derrière le mât placé sur la gauche, et enfin arriver jusqu’au hallal » (extrait du roman de Joseph KESSEL Les Cavaliers aux éditions Gallimard)
Pour notre part les bouzkachis auxquels nous avons assisté se sont déroulés soit dans le stade soit dans la steppe à l’Est de Kaboul pour l’anniversaire du Roi le 15 Mizan (octobre)
En général c’est un jeu des steppes du Nord se pratiquant les vendredis d’automne ou de printemps. D’abord jeu individuel il est devenu jeu d’équipe. Les équipes les plus réputées sont celles des villes de Herat, Mazar e Cherif, Kunduz, Maimana.
Lors des jeux de Kaboul les propriétaires ou responsables d’équipes se présentent sur de magnifiques chevaux habillés de caftans rayés coiffés de turbans. Les joueurs revêtent des tenues de différentes couleurs selon leur équipe. Ils ont une veste molletonnée très épaisse permettant d’atténuer les coups et les chutes. En général ils ont des bonnets caractéristiques selon les équipes en tissus ou en cuir Les joueurs de Mazar e Cherif ont le bonnet couleur cuir entouré d’une peau d’astrakan noire alors que ceux de Kunduz ont un bonnet d’astrakan gris bordé de Caracul noir.
Ils sont chaussés de bottes en cuir à long talon permettant un bon calage des pieds dans les étriers et conférant aux cavaliers une démarche malhabile lorsqu’ils ne sont plus sur leurs coursiers .
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