MARMOTTES : (Marmota marmota)
Les marmottes qui sont de la même famille que les écureuils (Sciuridés ).
Les marmottes, par leur constitution anatomique ramassée et lourde, n’ont pas grand chose de commun, extérieurement tout au moins, avec les écureuils élégants et graciles. Longueur du corps de 45 à 80cm, longueur de la queue de 11 à 16cm. Tête ronde et large avec les oreilles nettement visibles, de 3 à 4cm de longueur. Queue courte couverte de poils touffus. Pattes courtes. Moignon de pouce pourvu d’un petit ongle. Aux doigt et aux orteils, robustes griffes fouisseuses. Le troisième doigt est plus long. Fourrure épaisse et rude. Abajoues atrophiées. Molaires supérieures avec plus de trois faces. Treize espèces et sous-espèces vivant en montagne ou dans les steppes. La marmotte des Alpes (Marmota marmota) a une longueur totale du corps qui varie de 53 à 73cm, pour une hauteur de 18cm, la longueur de la queue de 13 à 16cm, poids, suivant la saison 4 à 8kg. Les incisives rongeuses sont jaune-brun sur la face antérieure, blanchâtre chez les jeunes animaux ;
Depuis très longtemps, la marmotte est familière à l’homme. Le chasseur quand il suppose que c’est un mâle, parle « d’ours », et de « chat » quand il s’agit d’une femelle. Déjà au temps de Pline, le naturaliste romain, on la connaissait et on l’appelait communément « Souris des Alpes » (Mus alpinus), parce qu’elle loge dans les trous et siffle comme une souris ». Keller, en 1909, a fait remarquer que le mot curieux rhéto-français de « marmotte » signifie également « souris de montagne ». « Jusqu’au dix-neuvième siècle, la « petite marmotte », au même titre que les singes, les chameaux, les ours danseurs, faisait partie des animaux divertissants des foires et voyageait avec son maître, le plus souvent un garçon savoyard ou tyrolien, tout à travers l’Europe. Elle dansait d’une manière comique au son de la flûte jouée par son petit maître ». C’est ainsi que J.Niethammer résume l’histoire des marmottes dressées. Pline rapporte, d’après la légende, « que la marmotte passe l’hiver dans son trou, après y avoir, au préalable, accumulé de quoi se nourrir. Pour ce faire, on prétend qu’une marmotte se met sur le dos ; on la charge alors de foin qu’elle maintient solidement entre ses pattes ; une autre marmotte lui prend alors la queue entre ses dents et la traîne ainsi jusque dans le terrier. Elles changent de rôle alternativement et c’est pourquoi, à cette époque, elles ont le dos tout râpé ». Cette représentation très fantaisiste ne résiste naturellement pas à une observation sérieuse. Mais il y a effectivement des marmottes qui ont le dos râpé, ce qui survient quand elles entrent et sortent de leur trou en rampant.
La graisse des marmottes :
Au moment où les marmottes entrent en hibernation, après s’être copieusement nourries pendant l’été, elles peuvent être très grasses. Or, dans la médecine populaire des habitants de la région des Alpes, « l’onguent de Mankei », comme on appelle la graisse de marmotte, joue parfois et aujourd’hui encore un rôle qui n’est pas négligeable. Svolba a constaté que la graisse d’une marmotte qui vient d’être tuée diffère sensiblement par son aspect extérieur et par sa constitution de celle des autres animaux sauvages. Refroidie à la température extérieure du laboratoire, après avoir été fondue, elle prend une consistance huileuse, légèrement fluide, de couleur claire et transparente, qui se sépare bientôt en deux couches : la couche inférieure, consistante et finement granuleuse se dépose, tandis qu’une couche huileuse et claire surnage. La graisse de marmotte est constituée chimiquement par au moins quatre acides gras différents, ainsi que par l’acide linoléique et de la vitamine D en quantité notable. Son indice d’iode est élevé.
Les habitants des régions alpines, de même que les chasseurs des Alpes, sont fermement convaincus de la valeur curative de la graisse de marmotte. Ils l’utilisent surtout contre les affections pulmonaires et les maladies de la poitrine. Les gens malins ayant en outre constaté que la marmotte, durant son sommeil hivernal, ne contracte pas de rhumatisme dans son terrier humide, en on déduit sans hésiter que sa graisse devait constituer pour nous autres, hommes, un bon remède contre les rhumatismes, et cela paraît tellement évident pour des âmes simples que la graisse de marmotte est très recherchée et payée très cher comme remède contre les rhumatismes. Mais hélas, ce fut un grand malheur pour les marmottes quand un pharmacien de Schaffhouse commença à commercialiser l’affaire et fit paraître dans tous les journaux une publicité concernant la vente de pommade de marmottes . Il en résulta une montée des prix de la graisse de marmottes et, dans la seule année 1944, rien qu’en Suisse, 16 000 de ces animaux furent tués. On doit rendre justice à ce pharmacien qui se laissa persuader par des protecteurs indignés de la nature de mettre fin à cette entreprise qui, en même temps qu’elle éveillait de fausses espérances chez les personnes rhumatisantes, leur soutirait de l’argent pour un résultat nul.
Les mouvements des marmottes :
La marmotte marche en se dandinant de sorte que son ventre traîne souvent à terre, ce qui ne l’empêche pas de pouvoir bondir dans son territoire et grimper. Quand un de ces animaux voulait gravir la paroi quelque peu abrupte d’un bloc de rocher, dit H. Münch en ce qui concerne le massif du Mont-Blanc, il s’agrippait des doigts – et pas maladroitement du tout – aux aspérités de la roche et avec l’aide des pattes de derrière, propulsait son corps. C’est ainsi que la marmotte grimpait parfois à travers des fissures avec une adresse qu’on ne lui aurait pas supposée. La capacité d’extension non seulement des pattes, mais encore du corps entier était étonnante. La conformation anatomique des membres de la marmotte explique très bien cette aptitude à grimper. Mais non seulement la marmotte peu grimper, marcher en se dandinant et progresser par bonds, elle est capable aussi de galoper, ainsi qu’en témoignent les traces qu’elle laisse sur la neige, et il n’est pas rare qu’elle projette les membres postérieurs en avant des antérieurs. La brièveté relative des membres antérieurs et l’extrême mobilité des postérieurs permettent à la marmotte de prendre souvent la station assise
La nourriture de la marmotte :
La nourriture de la marmotte se compose de racines, d’herbes diverses et de graminées. A partir du mois d’août, cet animal coupe une quantité considérable de tiges qu’il sèche, « faisant en quelque sorte ses foins ». Ensuite, ce foin est transporté avec la bouche dans le terrier pour rembourrer celui-ci et pour être utilisé comme litière du nid au cours de l’hiver. Pour manger, la marmotte s’assied souvent sur ses pattes de derrière « comme un petit homme », grignotant ainsi les plantes qu’elle tient entre ses pattes de devant. Même par temps de neige, les marmottes peuvent se mettre à la recherche de leur nourriture. Elles creusent alors dans la neige pour dégager une place nette, broutent et dégagent la neige alentour en donnant de la tête large et robuste. Finalement, elles accumulent ainsi en face d’elles de véritables petites boules de neige. En repoussant ainsi la neige, elles élargissent progressivement leur pâture. La marmotte pourvoit exclusivement à ses besoins en eau en consommant des aliments aqueux.
Expression sonore de la marmotte :
Le sifflement aigu des marmottes est bien connu. Elles l’émettent en se dressant sur leur séant, les pattes de devant pendant le long du corps. Ce sifflement n’est pas exclusivement un cri d’alerte, car elles l’émettent quand quelque chose les intrigue ou les excite, de même comme appel, et pendant la période des amours, comme cri de guerre. Ce sifflement est un véritable « cri » provenant du fond de la gorge et émis la bouche ouverte. Une marmotte apprivoisée a sifflé une fois pendant trente seconde sans interruption, alors qu’elle venait de se prendre une patte dans une grille. La première fois qu’elle entendit un aspirateur vrombir, elle se mit immédiatement à émettre un sifflement qui dura plusieurs minutes. D’aprs les observations faites par Müller-Using, la marmotte peut non seulement siffler, mais émettre aussi une plainte qui ressemble à celle des petits lapins Quand une marmotte pousse son sifflement d’alarme strident, tous les congénères qui se trouvent dans les environs bondissent dans leurs terriers. Dans les régions très isolées des Alpes, elles disparaissent dès qu’elles aperçoivent un homme à deux cent mètres de distance, et il se passe alors des heures avant que, prudemment, elles ne sortent à nouveau de leurs trous. Maintenant, cela a changé dans bien des endroits. Quand on traverse l’Engadine en auto en direction du Sud, on trouve sur sa route des panneaux indicateurs triangulaires assez insolites représentant, au milieu de la bordure rouge, la silhouette dressée d’une marmotte. Les petites luronnes ont installé leur colonie à proximité immédiate de la route, si bien qu’on peut les approcher jusqu’à cinq et même deux mètres. C’est seulement quand elles prennent peur, qu’elles regagnent en hésitant et d’assez mauvais gré leur place de sécurité, d’où elles se retournent aussitôt pour guetter alentour. Ainsi donc, de même qu’un grand nombre d’autres animaux, elles ne craignent ni les autos ni les hommes et leur civilisation. Quand on n’est pas animé de mauvaise intention envers elles, elles sont familières. Le sens du sifflement d’alarme de la marmotte est également compris par l’izard
Cerveau et capacités sensorielles :
L’anatomie du cerveau de la marmotte est relativement simple bien que sa surface soit sillonnée. Alors que, par exemple, le tronc cérébral d’un singe de poids à peu près semblable tel qu’un macaque, pèse environ six grammes, celui de la marmotte n’en pèse que 3,6grammes. Adolf Portmann a calculé les rapports de poids existant entre les différentes parties du cerveau chez la marmotte et a trouvé un indice de 4,3 pour le centre cérébral supérieur de l’encéphale, le cortex cérébral. Ainsi la marmotte se situe à ce point de vue bien après l’ours et le chat et même après le daman, mais avant les tatous. De tels chiffres ne constituent cependant, en aucune façon, une évaluation absolue de l’intelligence, mais ils expriment des données assez précises sur l’amplitude des facultés des masses nerveuses situées dans la région supérieure du cerveau, en même temps que leur importance comme centre des activités réglant les rapports de l’animal avec son environnement. La marmotte est douée d’une très grande acuité visuelle qui lui permet de se renseigner sur tout ce qui se passe autour d’elle, absolument sans bouger les yeux. Elles s’orientent surtout d’après leur sens visuel. L’ouïe est également très fine bien que les oreilles soient plutôt de petite taille. Par contre, il semble que l’odorat ne soit pas très développé.
Marquage odoriférant :
Les marmottes des Alpes précisent les limites de leur territoire par l’odeur, au moyen des sécrétions de leurs glandes jugales et acoustiquement, par le son de leurs sifflements. On expulse, en les mordant, les congénères étrangers. Voici comment Münch décrit la façon dont une marmotte brusquement surprise par un homme gagna une colonie étrangère voisine : « L’alerte était passée depuis longtemps déjà, mais la marmotte semblait très agitée. Elle n’utilisa pas les sentiers suivis par ses congénères, mais se déplaçait surtout le long de ceux-ci, s’arrêtant souvent pour s’assurer de la sûreté du lieu. Toutes les attitudes de l’animal décelaient qu’elle se rendait parfaitement compte (par l’odorat ?) qu’elle avait pénétré dans un territoire étranger.
Bientôt, elle se trouva en présence de deux habitants de la colonie. Après être resté un cours instant face à face, elles procédèrent, en reniflant les régions anales et génitales, à l’identification de l’intruse à laquelle cette dernière répondit par une entière soumission. Serrant la queue entre ses pattes, elle baissa la tête , elle se tapit de façon frappante. Les deux habitantes de la colonie, qui toutes deux se mirent à grincer des dents, se dressèrent comme deux quilles et poussèrent le cri caractéristique affirmant la possession du territoire réservé. L’intruse se mit alors à reculer lentement dans la direction même d’où elle était venue, suivie du regard par ses deux congénères qui crièrent encore pendant une minute à tue-tête. »
Comportement :
Les hommes ont de tout temps aimé les marmottes, peut-être parce que, se dressant volontiers assises sur leur séant, elles ressemblent à de joyeux petits bonshommes, ou parce qu’elles sont très folâtres. Elles s’empoignent, dévalent en boule les pentes des montagnes, se dressent l’une face de l’autre, inclinent la tête et s’élancent l’une contre l’autre en se montrant les dents au point qu’on perçoit le bruit du choc, puis se mettent gaiement à crier. Elles aiment beaucoup boxer! Pour cela, les animaux se dressent face à face et l’un des adversaires pose à plat sa patte de devant sur le cou ou sur le bras de l’autre de façon que celui-ci ne puisse l’empoigner. D’après Müller-Using, ces rongeurs à mœurs sociales vivent dans leurs colonies par groupes de deux ou trois jusqu’à cinquante animaux et encore plus. Toutefois, on ne sait vraiment pas grand-chose des relations parentales existant entre les membres d’une colonie de ce genre, bien que l’on ait souvent parlé, dans la littérature, de groupements familiaux. Dans les régions où les marmottes abondent, elles peuvent constituer des communautés importantes, et il n’est pas rare qu’elles occupent des terriers de dimensions considérables.
Une manifestation concrète de leur comportement social consiste également dans le besoin très manifeste de contact mutuel. Il n’est pas rare que des animaux d’âges très différents restent étendus, des heures durant ,étroitement serrés les uns contre les autres dans leurs lieux de repos préférés. Les relations de mère à progéniture sont particulièrement tendres. Münch a observé « une mère dont les quatre petits jouaient et se chamaillaient devant leur terrier. Soudain un des petits âgé d’environ quatre semaines cessa brusquement de participer au jeu très animé de ses frères et sœurs et accourut bien vite vers sa mère qui était assise sur son séant. Il se serra contre elle et se mit à hisser son corps contre elle jusqu’à ce qu’enfin il arrive à s’asseoir également sur son séant. Puis il chercha à approcher sa tête de celle de sa mère qui répondit à son désir en baissant elle-même la sienne. Et ce fut alors immédiatement un contact étroit des deux visages l’un contre l’autre qui consistait particulièrement en un frottement réciproque des museaux ». Moins d’une minute après, le petit interrompit brusquement ses tendres embrassades et bondit rapidement pour reprendre part aux jeux de ses frères et sœurs.
Sommeil hibernal de la marmotte :
Quand toutes les marmottes se sont bien engraissées, souvent elles émigrent au début de l’automne, d’après ce qu’a observé Baumann, vers des régions moins élevées, en bordure des hauts pâturages, fréquemment aussi plus bas que la limite supérieure des arbres. Elles regagnent là leurs anciens quartiers d’hiver ou en creusent de nouveaux qui, dans les conditions les plus favorables, ne sont pas trop éloignés des quartiers d’été. Le plus souvent un orifice guère plus gros que le poing donne accès à « l’antichambre », long et étroit couloir, souvent de plusieurs mètres de longueur et solidement construit. A son extrémité postérieure, elle se divise en un court tronçon, dont la terre sert à obstruer l’entrée et en une longue galerie, qui peut avoir plus de 8 à 10 mètres de longueur, conduisant à la « chambre », vaste et rembourrée d’herbe sèche. Le rembourrage est assuré en commun par tous les membres de la famille qui, en automne, se regroupent plus étroitement. La chambre est toujours située en amont de l’anti-chambre et, suivant la position du terrier par rapport à l’altitude, à une profondeur d’un mètre et demi à trois mètres.
Avant le début du repos hibernal, l’entrée du terrier est obturée de l’intérieur, sur une longueur atteignant parfois deux mètres, avec du foin, de la terre et des pierres. Puis toute la famille marmotte, qui comprend souvent jusqu’à quinze individus, passent la période du froid hiver montagnard dans un profond sommeil, étroitement serrés les uns contre les autres, le nez entre les pattes de derrière. Ce sommeil hibernal dure six mois et même davantage. Toutes les trois ou quatre semaines, les animaux se réveillent pendant quelques instants, pour uriner et fienter, mais, pendant tout le temps que dure leur sommeil hibernal, ils n’absorbent aucune nourriture. On conçoit qu’au retour du printemps, ils sortent de leur terrier d’hiver fort amaigris.
A cette époque, l’association familiale se relâche en même temps qu’elle s’affaire à l’aménagement des quartiers d’été. D’autres observations seront nécessaires pour préciser si l’on peut vraiment parler de quartiers d’été et d’hiver ou si la colonie se disperse en été pour construire des terriers, pour en achever et aussi « à titre d’expérience », alors qu’en hiver, par la force des circonstances, elle se regroupe plus étroitement.
La durée du sommeil hibernal dépend de l’altitude du terrier d’hibernation et dure moins longtemps dans les vallées qu’en montagne. La marmotte est un véritable hibernant chez lequel, pendant la période de repos en saison froide, l’intensité du métabolisme interne diminue considérablement. La consommation d’oxygène s’abaisse alors de 600cm3, par kilo, à 30,5cm3, et le nombre de mouvements respiratoires n’est plus que de 2 à 3 par minute. La température du corps s’abaisse à 4,6 - 7,6 degrés Celsius et le nombre des battements du cœur rétrograde de 88 et même 140 à 3 ou 5 à la minute. Quand les marmottes se réveillent au printemps, leur première occupation consiste en un nettoyage à fond du terrier, qu’elles débarrassent du foin, des matériaux de rembourrage et des immondices. Quelques jours après la fin de l’hibernation débute déjà la période de reproduction.
Période de reproduction :
Les glandes anales dont nous avons déjà signalé l’existence sont aussi des glandes sexuelles qui servent, à la période de l’accouplement, de stimulant sexuel et favorisent la rencontre des sexes. Elles sont contenues dans trois sacs principaux reliés à des sacs accessoires et situés au voisinage du rectum. Leurs veines d’évacuation peuvent faire saillie, sous forme de papilles, dans l’orifice anal. Nous ne savons pas encore grand-chose sur la vie amoureuse et familiale de marmottes, parce qu’elle se déroule en grande partie sous terre. En mai, l’accouplement se fait encore dans les terriers d’hiver. Les parades d’amour consistent en embrassements mutuels et en appels ressemblant à des miaulements. De temps à autre, on observe aussi des simulacres de combat, opposant les partenaires l’un à l’autre. Ils font alors des gestes de menace, trépignent et aiguisent leurs incisives. Ils montrent donc leurs gestes de menace et s’attaquent parfois avec les dents. Les femelles qui se refusent à l’accouplement se jettent sur le dos. Bien que les familles se composent de plusieurs mâles et de plusieurs femelles, les mâles, même pendant le temps du rut, s’entendent très bien entre eux. D’après les constatations faites par Müller-Using, ils ne sont même pas en rivalité au sujet d’une femelle en chaleur. Après l’accouplement , il semble que le mâle délaisse la femelle pendant un certain temps.
Gestation et naissance :
La gestation dure environ cinq semaines avant que la femelle ne mette au monde deux à sept petits, aveugles et complètement nus, pesant environ trente grammes. Quelques jours avant la mise bas, la future maman commence à rembourrer son logement avec du foin, ainsi que Hans Psenner, dans les expériences d’élevage très réussies qu’il a faites au zoo alpin d’Innsbruck, a pu l’observer. Au début, quand la mère les abandonne pendant un certain temps, les petits sont toujours recouverts de foin.
Elevage des petits :
Dès le premier jour de leur vie, on peut déjà entendre les piaillements des petits. Au bout de quelques jours, la mère allaite en se couchant sur le dos, tandis que la troupe des petits grouille sur son ventre. Entre le vingtième et le vingt-cinquième jour les petits ouvrent progressivement les yeux et les incisives apparaissent. Aux environs du trente-neuvième jour, les jeunes sortent du terrier pour la première fois.. Ils atteignent l’âge adulte vers deux ans et peuvent vivre de quinze à dix-huit ans.
Les petits d’une même portée passent leur premier sommeil hibernal, de même aussi que l’été qui suit, en commun dans le terrier de la mère. Pendant ce temps, les autres membres de la communauté dormante déménagent momentanément. Les jeunes marmottes sont très joueuses. Elles font la culbute de temps en temps en bas des terrains inclinés, peut-être volontairement, mais peut-être aussi par maladresse. Pendant que les petits jouent, de même que pendant que jeunes et anciens prennent leur repas ou font la sieste, il y a toujours quelques membres de la famille postés en « sentinelle ».
Les ennemis des marmottes :
Le principal ennemi des marmottes est l’Aigle, mais aussi, parfois le renard. Les jeunes sont en outre la proie des grands-ducs et des grands corbeaux, plus rarement des martres. Mais la marmotte se défend très bien, en particulier du renard et des gros chiens. De même, elle oppose à l’aigle une résistance acharnée. Il y a quelques années, un chasseur a pu observer la façon dont un renard essayait de tuer une marmotte . Mais cette dernière se défendit avec une telle vigueur que, finalement, les deux antagonistes restèrent tous les deux morts sur place.
Les marmottes et les hommes :
Dans les jardins zoologiques, il n’est pas rare que les marmottes vivent plus ou moins libres, souvent malgré les souhaits des gardiens. En dépit de toutes les précautions prises, il arrive fréquemment que les marmottes rongent les grilles et passent au travers, ou creusent des terriers au-dessous des murs d’enceinte des périmètres qui leur sont réservés. C’est ainsi qu’au zoo de Francfort, il y a quelques années, les marmottes ont vécu plus souvent à l’extérieur qu’à l’intérieur de leur enclos. Il faut savoir qu’à partir du moment où elles se sont installées dans un endroit et y ont creusé leur terrier, elles ne se préoccupent pas de s’en éloigner et même entreprendre de longues excursions exploratoires. A vrai dire, en montagne, une famille de marmottes règne sur un quart d’hectare. Si on dépose leur nourriture à l’entrée de leur maison, de sorte qu’elles n’aient pas besoin de couper de l’herbe, alors elles deviennent encore plus indolentes. Les marmottes du zoo de Francfort avaient creusé des trous pour passer sous les murs de leur enclos, de telle sorte qu’à côté, il y avait dans la terre des sorties du terrier. Cela ne présentait guère d’inconvénient pour les gardiens ou pour les visiteurs, mais c’était très désagréable pour les chiens. Quand il en passait un, le mâle se précipitait sur lui, lui sautait au cou pour essayer de le mordre. On craignit aussi qu’une fois un de leurs couloirs souterrains débouchât au jour, en plein dans l’enclos des renards. Alors les renards les auraient tuées ou au contraire les marmottes auraient mordu à mort les renards.
Un savant autrichien, a soustrait un jour à une martre une petite marmotte qui n’avait guère que trente-cinq jours. Dès le début de sa capture, elle se mit à courir de-ci de-là en pleine liberté dans l’appartement se montrant gentille et familière avec chacun. Quand elle eut atteint l’âge de sept mois, elle commença peu à peu à se montrer hostile aux étrangers, ne considérant comme étant réellement de la famille que le couple du savant et le gros mâle berger allemand. Elle mordillait doucement ses amis et les obligeait à la mordiller et à l’attraper, mais qu’un étranger survînt, elle arrivait en se dandinant, battait de la queue en hérissant ses poils, grinçait des dents, se dressait, enserrait entre ses pattes les jambes des étranger pour les mordre.
Au printemps suivant étant devenue beaucoup plus adroite : elle grimpait sur les meubles, grignotait chaque angle, arrachait les boutons des coussins et des vêtements et s’efforçait tous les jours avec succès de renverser le seau à charbon. Elle traînait les vêtements, les couvertures pour rembourrer la caisse qui lui servait de gîte et tirait sur les essuie-mains accrochés au mur jusqu’à ce qu’ils tombent. Elle se régalait des plantes d’appartement jusqu’à s’être rassasiée. Il était curieux de voir combien elle ne pouvait supporter qu’une porte soit fermée et voulait absolument avoir le champ libre pour courir à travers l’appartement entier. Le petit trublion avait appris à ouvrir les portes à serrure à ressort qui n’étaient pas munies de clenches, mais qui se fermaient et s’ouvraient uniquement par pression, pour cela elle se servait de ses griffes et de ses dents. En cas de difficulté, elle n’hésitait pas à ronger la porte. Dés que quelqu’un fermait une porte, elle se précipitait pour l’ouvrir à nouveau. En outre elle rongeait toutes les arêtes des meubles et des murs et que, pour les marquer comme faisant partie de son domaine, elle les imprégnait des sécrétions de ses glandes jugales, ses maîtres furent finalement contraints de l’envoyer dans un parc à marmottes. Quand par la suite, ses maîtres venaient la reprendre pour qu’elle passe quelques heures avec eux et la ramenaient au parc, ses compagnes s’empressaient toujours autour d’elle et reniflaient son museau, visiblement dans l’intention de savoir non seulement d’où elle revenait, où elle était allée, mais aussi ce qu’elle avait mangé.
Il semble que les marmottes soient responsables des croyances encore répandues actuellement comme autrefois dans de nombreuses régions des Alpes, au légendaire « ver à pattes ». Il est vrai qu’il arrive à la marmotte de courir dans la neige de telle manière que l’un de ses pieds de derrière se place exactement dans l’empreinte d’un pied de devant, si bien que ses traces révèlent alors non pas quatre, mais seulement trois empreintes, ce qui suscite un grand nombre de fantasmes. L’ensemble de ces trois empreintes paraissent être celles même d’une grande et puissante patte.